Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : J.R.G. / N.E.F. Marc Lumbroso
Version originale
Année : 1985
Interprétée par : Jean-Jacques Goldman
Distribuée par : C.B.S.
Remarques :
Cette chanson est dédiée à Danielle Messia , jeune chanteuse disparue brusquement d'un cancer foudroyant.
Année | Interprète | Support | Référence | Pochette |
1995 | Les Charts | CD 2 titres | PY 579 632-2 |
Et crever le silence
Quand c'est à toi que je pense
Je suis loin de tes mains
Loin de toi, loin des tiens
Mais tout ça n'a pas d'importance
J'connais pas ta maison
Ni ta ville, ni ton nom
Pauvre, riche ou bâtard
Blanc, tout noir ou bizarre
Je reconnais ton regard
Et tu cherches une image
Et tu cherches un endroit
Où je dérive parfois
Tu es de ma famille
De mon ordre et de mon rang
Celle que j'ai choisie
Celle que je ressens
Dans cette armée de simple gens
Tu es de ma famille
Bien plus que celle du sang
Des poignées de secondes
Dans cet étrange monde
Qu'il te protège s'il entend
Tu sais pas bien où tu vas
Ni bien comment ni pourquoi
Tu crois pas à grand chose
Ni tout gris, ni tout rose
Mais ce que tu crois, c'est à toi
T'es du parti des perdants
Consciemment, viscéralement
Et tu regardes en bas
Mais tu tomberas pas
Tant qu'on aura besoin de toi
Et tu prends les bonheurs
Comme grains de raisin
Petits bouts de petits riens
Tu es de ma famille, tu es de ma famille
Du même rang, du même vent
Tu es de ma famille, tu es de ma famille
Même habitant du même temps
Tu es de ma famille, tu es de ma famille
Croisons nos vies de temps en temps
Cool  : Tu as dédicacé sur cet album une chanson à Danièle Messia, "Famille", et tu as sans doute été le seul à le faire…
Jean-Jacques Goldman  : C'était une chanson que j'avais déjà faite et quand j'ai appris sa mort, je me suis dit qu'elle était une des personnes que je connaissais qui correspondait à ce que je voulais dire. C'était une fille que je connaissais très peu, on s'était peut-être vu 5 fois, on s'était assez peu parlé et pourtant j'avais une intimité avec elle. On sentait qu'on avait des tas de choses en commun et qu'on faisait partie d'une même famille de pensée. On avait les mêmes doutes et les mêmes espoirs sans avoir jamais déjeuné, ni passé la soirée ensemble.
Les espoirs et les doutes
Cool, octobre 1985
Xavier de Moulins Beaufort : Famille ?
Jean-Jacques Goldman : L'idée de la famille de sang est quelque chose qui ne me tient pas particulièrement à coeur. Le fait d'être du même sang, ne veut à mon sens rien dire. En fait, j'ai une version affective assez large de l'idée de famille. Quand à ma famille directe, femme et enfants, elle représente un élément très conventionnel de mon existence, voire prédéterminé. Vivre en famille doit être aussi invivable que de vivre sans ! C'est ainsi. Les gens qui n'ont pas connu l'expérience de la paternité ou de la maternité semblent éprouver un manque. Le fait d'être père, à son tour, est quelque chose qui fait terriblement vieillir, c'est comme la calvitie !
Jean-Jacques, le fataliste
Faim de siècle n° 24, février 1996
Jean-Jacques Goldman : Qu'est-ce que la famille ? Je crois avoir écrit la chanson la pire sur la famille. Lorsque je fais la dernière au Zénith par exemple ou un concert un peu particulier, je suis sûr que les gens vont me la demander.
Alain Etchegoyen : Rappelez-moi, j'ai un trou de mémoire ! Je dois connaître l'air mais pas le titre...
Jean-Jacques Goldman : C'est une chanson qui dit : "Tu es de ma famille, de mon ordre et de mon rang, celle que j'ai choisie, celle que je ressens dans cette armée de simples gens. Tu es de ma famille, bien plus que celle du sang, des poignées de secondes dans cet étrange monde. Qu'il te protège, s'il entend".
Alain Etchegoyen : Je connais le refrain. Et le titre c'est Famille ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, Famille. Mais "tu es de ma famille, bien plus que celle du sang". Alors qu'est-ce que c'est, la famille ? J'ai beaucoup choqué mes enfants, un jour. Ma fille aînée m'en a parlé la semaine dernière et m'a dit qu'elle en avait été très marquée. On parlait de l'amour et je leur disais que j'avais l'impression que je pouvais aimer d'autres enfants autant qu'eux. Non seulement je pouvais aimer d'autres enfants autant qu'eux, mais j'avais l'impression aussi que je pourrais éventuellement ne pas aimer un de mes enfants ; enfin j'avais l'impression d'avoir un amour assez conditionnel. Il me semble tout à fait possible de ne pas aimer des gens de ma famille et d'en aimer d'autres, je le sais, aussi fort que certaines personnes de ma famille.
Alain Etchegoyen : Mais là vous ne parlez pas de vos propres enfants ?
Jean-Jacques Goldman : Je parlais de mes propres enfants aussi.
Alain Etchegoyen : Je pense que c'est le plus grand hommage qu'on peut leur rendre. C'est-à-dire : "Je pourrais ne pas vous aimer, mais je vous aime, tellement vous êtes bien".
Jean-Jacques Goldman : Eux, cela les angoisse un peu ! Il y a un côté inconditionnel dans l'amour de leur mère par exemple qui est extrêment sécurisant.
Alain Etchegoyen : Ce côté inconditionnel me paraît nécessaire, mais, quand vous tenez ce discours, vous les valorisez plutôt qu'autre chose.
Jean-Jacques Goldman : J'ai cette impression d'autant plus que, de toute façon, ils n'ont aucun doute sur mon amour, aucun.
Les pères ont des enfants
Seuil, novembre 1999
Animateur : Il y a des chansons comme ça qui passent inaperçues finalement dans les albums parce qu'elles ne sont pas jouées sur les radios. Vous regrettez ensuite ?
Jean-Jacques Goldman : Elles ne passent pas inaperçues. Au bout d'un certain temps, on se rend compte que pour les gens qui nous suivent et qui sont les gens les plus importants, pour ceux qui nous suivent vraiment, qui vont au concert et tout ça, il n'y a plus de différence entre les chansons qui sont sorties en radio et celles qui ne sont pas sorties. Et souvent, celles qu'ils aiment bien, ça va être des chansons comme "Veiller tard", des chansons comme "Tu manques", comme "Famille", qui ne sont pas forcément des chansons qui sont sorties en single.
Journée spéciale Fredericks Goldman Jones
O'FM, 29 décembre 1993
Jean-Jacques Goldman : Je ne dis pas à tout le monde : "Vous faites partie de ma famille, on est tous beaux, on est tous gentils, formidables..." Moi, ma notion de la famille, elle est comme je le dis dans la chanson : je ne connais pas ton nom, je ne sais pas où tu vis, mais finalement, ça n'a pas beaucoup d'importance. C'est une espèce de famille de pensée, une façon d'être, avec un peu de recul, d'humour, finalement en essayant de faire le mieux qu'on peut, c'est un peu à cela que je reconnais ceux de ma famille.
Il fait toujours beau quelque part
Radio Canada, 29 juin 1988