Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : BMG Music Publishing France
Version originale
Année : 1981
Interprétée par : Jean-Jacques Goldman
Distribuée par : CBS
Année | Titre | Langue | Interprète | Auteur de l'adaptation | Pochette |
1983 | Hold on tight | anglais | Linda Singer | Jean-Jacques Goldman | |
1983 | Just a little sign | anglais | Jean-Jacques Goldman | Graham Lyle |
II suffira d'un signe, un matin
Un matin tout tranquille et serein
Quelque chose d'infime, c'est certain
C'est écrit dans nos livres, en latin
Déchirées nos guenilles de vauriens
Les fers à nos chevilles loin bien loin
Tu ris mais sois tranquille un matin
J'aurai tout ce qui brille dans mes mains
Regarde ma vie tu la vois face à face
Dis-moi ton avis que veux-tu que j'y fasse
Nous n'avons plus que ça au bout de notre impasse
Le moment viendra tout changera de place
L'acier qui nous mutile, du satin
Nos blessures inutiles au lointain
Nous ferons de nos grilles des chemins
Nous changerons nos villes en jardins
Et tu verras que les filles oh oui tu verras bien
Auront les yeux qui brillent ce matin
Plus de faim de fatigue des festins
De miel et de vanille et de vin
Jean-Jacques Goldman : Je n'ai jamais su où je voulais aller. Si les gens n'étaient pas venus me chercher je serais resté dans mon coin. J'ai toujours été poussé par les autres. Un jour, un type me dit : "j'ai une fille qui chante, tu n'aurais pas des textes et des musiques ?" Alors j'ai fait "Il suffira d'un signe" que la fille a chanté au Jeu de la Chance à la télé en 78 ou 79. Marc Lumbroso, qui était un jeune éditeur affamé, donc autrement dit qui était obligé de faire son métier a vu mon nom au générique et a appelé la SACEM pour avoir mon numéro de téléphone. Il m'a demandé ce que j'avais. C'est lui qui a commencé à me faire travailler, à me stimuler surtout. J'ai besoin de stimulation.
Maxime Chavanne : Tu a été surpris par le succès de "Il suffira d'un signe" ?
Jean-Jacques Goldman : Complètement. Avec la démarche que j'avais, une musique et des textes pareils, je m'attendais à plaire à trois pelés et un tondu. Je me suis retrouvé dans les hit-parades comme ça, à côté de gens plutôt connus, sans trop comprendre pourquoi. J'étais très très étonné, mais je revendique complètement les chansons qui m'ont fait connaître, celle-ci ou "Quand la musique est bonne". Je crois que les gens ont ensuite appris à me connaître à travers les disques, sans pour autant se croire obligés de connaître mon âge, le nombre de fois où je vais chez le coiffeur par mois. Je ne pense pas que ce soit si intéressant que ça. Et, en fait, j'en ai discuté avec des gens de radio récemment, et je m'aperçois que je me trompe un peu. Moi, je ne raisonne pas comme ça, mais les gens, souvent, en ont besoin. Ils ont besoin de coller une image aux artistes, ils ont besoin d'en faire des idoles. Un truc qui me dépasse, c'est que si Bowie se met à faire n'importe quoi, ça marchera, alors que si Iglesias se met à faire du hard-rock, ça sera uniformément mal accueilli.
Goldman joue et gagne
Ok Magazine, 1984
Didier Varrod : La seule exception, il l'accorde à la Nouvelle Affiche sur FR3 où il accepte, par fidélité, de parrainer et de co-présenter avec Hallyday, se révélant d'ailleurs de plus en plus à l'aise avec l'instrument télévisuel. Il y a quelques années, il débutait dans ce programme avec "Il suffira d'un signe".
Cool : Quelle est ta chanson préférée ?
Jean-Jacques Goldman : "Je te donne". C'est peut-être la chanson que j'ai le plus écoutée. Avant qu'elle sorte, je l'écoutais dix fois par jour. C'est peut-être aussi parce qu'il y a Michaël qui chante, je ne sais pas… Il y a aussi "Il suffira d'un signe", j'adore cette chanson. Et "Je ne vous parlerai pas d'elle". Voilà les chansons que je réécoute avec plaisir et c'est à peu près les seules.
Cool : Mais les autres t'ont plu au moment où tu les as écrites ?
Jean-Jacques Goldman : Oui bien sûr. Quand je les fais, je suis vraiment bouleversé ! (Rires). Puis après, à force de les décortiquer, j'en ai vite marre. C'est comme si tu étais avec une femme et, respectivement un homme, qu'on te l'ouvre et que tu vois les viscères, les reins, la rate… Il y a un moment où tu ne peux plus l'aimer… (Sourire)
Cool : En fait, tu les aimes tant que tu n'as pas véritablement travaillé dessus en studio ?
Jean-Jacques Goldman : Voilà, là je les vois, je les ressens encore comme quelqu'un de neuf, comme une photo. Après, quand on décortique, je ne peux plus aimer. C'est comme une cuisinière qui après avoir tué son lapin, épluche les oignons et tout ça, a plus de difficulté à apprécier le plat.
Jean-Jacques Goldman ouvre les portes de son studio !
Cool, juin 1987
Jean-Jacques Goldman : J'étais, en 1981, quand tout a explosé pour moi en une seule chanson, dans la situation du type qui joue vaguement au tennis le dimanche, s'inscrit à Roland Garros et se met à gagner. Il est étonné de passer tous les jours : il a battu Edberg, Lendl, il a battu Becker, c'est pas normal !
Rencontre avec Jean-Jacques Goldman
Le point, 27 mai 1991
Evelyne Pagès : Jean-Jacques Goldman, écoutons une autre chanson de vous. Peut-être la première dans l'ordre chronologique, celle qui a été à l'origine de votre très grand succès actuel : "Il suffirait d'un signe".
Jean-Jacques Goldman : "Il suffira d'un signe".
Evelyne Pagès : Il suffira. Elle a une histoire, cette chanson ?
Jean-Jacques Goldman : Sur le premier album, j'avais fait des tas de chansons auxquelles je croyais pour être le premier simple qui allait marcher, et dont on n'a jamais entendu parler, et il y avait une chanson que j'avais faite pour me faire plaisir qui s'appelait "Il suffira d'un signe", qui n'avait aucune chance en 45 T parce qu'elle fait cinq ou six minutes sur l'album, et c'est celle qui a marché, et à partir de ce moment-là, je me suis dit qu'il fallait vraiment que je me fasse plaisir.
Grand Format
RTL, 29 juillet 1991
Jean-Jacques Goldman : En fait, moi je sortais d'une expérience de groupe depuis longtemps, qui avait été parallèle à mes études et l'idée ne m'avait jamais effleuré de pouvoir devenir chanteur. Donc, à ce moment-là, j'avais commencé à bosser après mes études, normalement et... par contre, je pensais que j'étais capable d'écrire des chansons pour les autres. Donc, entre 78 et 80 à peu près, par un concours de circonstances, j'ai été amené à rencontrer un jeune éditeur qui commençait aussi, qui s'appelait Marc Lumbroso et qui m'a demandé des chansons qu'il essayait, lui, de placer aux autres. Dans l'échec quasiment le plus total. Ça n'intéressait pas grand monde. Et, évidemment, chaque fois que je présentais des chansons, je les chantais, sur les maquettes. Un jour, une maison de disques les a entendues chantées par moi et m'ont demandé si ça m'intéressait de le faire moi-même.
Fréquenstar
M6, 5 décembre 1993
Jean Mareska : En revanche, il y avait "Il suffira d'un signe", qui était à la base une chanson lente, presque molle. Je me souviens que Jean-Jacques un jour a rajouté une guitare derrière et cela a donné la pêche.
Jean Mareska : "Goldman a chanté les Platters et le Disco"
Platine, août 1994
J.-P. P.
Jean-Jacques Goldman : Si on a la moindre sincérité, au moins le désir de sincérité, on ne peut pas chanter une chanson quand on se dit: "Encore celle-là !", et qu'elle nous gonfle. Les gens ne vont à un concert qu'une fois tous les trois ou quatre ans, ils ne l'ont donc entendue qu'une fois. Nous, on l'a entendue 400 fois et on l'a jouée 400 fois ! Ensuite il y a des chansons qui sont chères aux gens et pour lesquelles on peut se faire violence. "Il suffira d'un signe" est une chanson que j'ai chantée à tous mes concerts, et dont je ne suis pas lassé.
Paroles et Publics
Lyon, 9 décembre 1994
Jean-Jacques Goldman : L'histoire, elle est vraiment marquée à partir du moment où c'est la chanson qui m'a permis de rentrer en contact avec le public, autrement dit, c'est elle qui a eu du succès, la première.
Laurent Boyer : Quand tu l'as écrite, tu pensais à quoi ?
Jean-Jacques Goldman : Je pensais à l'Iran, c'était en 79-80 que j'ai dû l'écrire et c'était l'époque où le Shah d'Iran était encore au pouvoir et il y avait un Ayatollah dont on ne savait pas encore qui c'était... Khomeyni était (...) en France et ce qui se passait en Iran était déjà tragique (...) C'était vraiment une vraie terreur et tout le monde attendait cet homme-là comme un messie, alors j'imaginais ces gens-là. Bon, ensuite l'histoire, une fois de plus, n'a pas été dans le sens de ce qu'ils espéraient, mais à ce moment-là, d'espoir où ce type viendra et puis il foulera notre pays et puis tout changera. C'était assez émouvant.
Backstage
Europe 2, semaine du 15 au 22 mai 1995
Jean-Jacques Goldman : Y'a pas un soir où je n'ai pas commencé l'intro d'Il suffira d'un signe sans avoir le petit frisson. Ce qui arrive pas sur les autres chansons parce que, il y a des chansons où on est un peu fatigué, où on fait un peu automatiquement... Jamais sur celle-ci. Il y a une énergie.
Backstage
Europe 2, semaine du 15 au 22 mai 1995
Xavier de Moulins Beaufort : Il suffira d'un signe ?
Jean-Jacques Goldman : D'un signe, d'une porte. La vie m'apparaît comme une succession de portes qui s'ouvrent, de signes qu'on nous fait. Nous sommes en mesure de les comprendre ou non. C'est une question de disponibilité. L'école dans certains quartiers est une véritable porte. Il y a les mômes qui sont en situation de les comprendre et ceux qui passent à côté. Chacun a, dans sa vie, sa part de portes entrebaillées. Il ne s'agit pas forcément d'une question de chance. La vraie chance étant de savoir répondre aux signes qui s'imposent à nous.
Jean-Jacques, le fataliste
Faim de siècle n° 24, février 1996
Jean-Jacques Goldman : Les versions, les chansons qui ont eu du succès comme "Quand la musique est bonne" ou "Comme toi" ou "Il suffira d'un signe", tu ne peux pas les toucher parce que les gens, finalement, les connaissent avec leurs défauts. (...) Comme certaines photos jaunies, ils les aiment jaunies ou comme certains vieux films, on ne les aime pas trop colorisés quand on les a vus en noir et blanc ou en muet.
Hervé Beaudis : Ta chanson préférée, on a dû te le demander mille fois, dans ton répertoire ? Celle que tu trouves la plus aboutie, la mieux réalisée ?
Jean-Jacques Goldman : C'est difficile de dire ça. Je sais que les deux qui me procurent le plus de joie quand je les joue, c'est "Il suffira d'un signe" et "Je te donne". C'est des chansons que j'aime bien.
Jean-Jacques Goldman : On ne choisit pas un public, on est choisi par un public. La première chanson que j'ai faite, c'était en 81, c'était "Il suffira d'un signe" qui est le contraire d'une chanson adolescente, je trouve. Je sortais de quinze ans de groupes de rock, de choses comme ça et, curieusement, les gens qui m'ont suivi, c'était à 99% des jeunes filles de treize à quinze-seize ans quoi. Et donc c'était vraiment une surprise parce que l'album et les chansons étaient pas spécialement féminin - adolescent, quoi. Et maintenant, il me semble, c'est en gros le même public, moins féminin parce qu'il s'est masculinisé avec le temps. Mais ce sont les mêmes personnes qui, maintenant ont une trentaine d'années, trente - quarante ans et qui sont restés fidèles.
Radio Maguelonne, 26 avril 1998
Jean-Jacques Goldman : En do mineur au lieu du ré d'origine. J'ai peut-être fini par muer…
Jean-Jacques Goldman : 81. Quand j’ai sorti "Il suffira d’un signe", mon premier album en français. Et il y a une dame, dans une radio, qui s’appelait Monique Le Marcis qui a trouvé que c’était pas mal et qui a programmé ça en dépit du bon sens.
Yvan Le Bolloc’h : Alors que les autres, non ?
Jean-Jacques Goldman : Non !
Le plein de Super
Canal +, 1994
Jean-Jacques Goldman : Globalement, je dois le reconnaître, j'ai été très gâté. J'ai enregistré mon premier album en 1975 avec Taï Phong, on a décroché le gros lot tout de suite. Quand je décide de chanter en solo, mon premier single, c'est "Il suffira d'un signe". J'ai été quand même chanceux !
Jean-Jacques Goldman : "Je suis resté lucide"
TV Câble Hebdo, du 29 décembre 2001 au 04 janvier 2002
Eric Saya : Que représente la danse ? Est-ce que c'est une chose sur laquelle tu voulais particulièrement t'arrêter sur un album ?
Jean-Jacques Goldman : Je pense que c'était déjà présent plus ou moins dans tous les albums précédents, mais de façon moins systématique. Je me rappelle qu'au début, toutes les chansons étaient reprises dans les discothèques. Nous avions même fait des remix de "Je marche seul", "Quand la musique est bonne", "Il suffira d'un signe". D'ailleurs, ce sont les discothèques qui en ont fait le succès aussi, mais peut être qu'à l'époque dans les années 1980, c'était une musique moins spécifique de danse qui passait. Ensuite l'idée a été de le rendre plus systématique, comme "A nos actes manqués". J'ai toujours été fasciné par les musiques de danses mais il faut dire que c'est aussi ma formation. J'ai commencé dans les groupes de bal. Nous faisions danser les gens et nous passions de Mike Brant à James Brown, à un Tango ou à un rock.
Sans limites
Radio Kol Hachalom, 22 juin 2002
Bernard Lescure : Avec "Il suffira d'un signe", votre album est semble-t-il bien parti pour faire un petit tour dans les hit-parades. Vous vous en doutiez ?
Jean-Jacques Goldman : Si j'ai fait ce disque, c'est parce que j'étais sûr qu'il allait marcher. Mais je ne m'attendais pas du tout à ce que ce titre séduise les radios. D'abord parce qu'il dure plus de sept minutes ; donc, je l'ai surtout fait pour le plaisir comme dirait le grand penseur Léonard (NDLR : Herbert). Ensuite, parce que personnellement je préférais d'autres titres comme "Rapt", "Pas l'indifférence" ou "Une autre histoire", qui collent davantage à ma personnalité, à mes émotions.
Bernard Lescure : Si ça n'avait pas marché, que feriez-vous aujourd'hui ?
Jean-Jacques Goldman : J'aurais continué. Je n'ai jamais fait de la musique pour que ça marche.
La Dépêche du Midi, janvier 1982