Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : JRG
Version originale
Année : 2001
Interprétée par : Jean-Jacques Goldman
Distribuée par : Columbia / Sony Music
Année | Interprète | Support | Référence | Pochette |
2001 | Jean-Jacques Goldman | CD Chansons pour les pieds | COL 504 735-2 |
C'est un goût sur tes lèvres, juste après les baisers
Une amertume à peine devinée
Combien de coups, crois-tu avant que tu dénonces ?
Combien de peurs avant de supplier ?
Combien de jours de faim, as-tu la réponse ?
Avant de te battre, avant de ramper
Combien de pouvoir, avant d'en abuser ?
De désillusion avant de quitter ?
Combien d'alcool pour tenir à la mine ?
De chantage avant que tu ne t'inclines ?
C'est un goût sur tes lèvres, juste après les baisers
Une amertume à peine devinée
Rien qu'un goût sur tes lèvres, qui es-tu, n'es-tu pas ?
Peut-être plus ou bien moins que tu crois
Combien d'années pour élever un enfant ?
Mais pour l'égorger c'est juste un instant
Combien de rêves en route abandonnés ?
D'"automensonges" pour se contenter ?
Combien de verres pour que tombe ton masque ?
Combien de faux adieux, de come back ?
Combien d'échecs avant que l'on comprenne ?
Et d'autos brûlées pour voter FN ?
C'est un goût sur tes lèvres, juste après les baisers
Une amertume à peine devinée
Rien qu'un goût sur tes lèvres une infime méfiance
Qui se cache sous les apparences ?
Un goût sur tes lèvres, rien qu'un goût sur tes lèvres
C'est un goût sur tes lèvres
Combien de temps pour la routine en amour ?
Aux hôpitaux pour ne plus dire bonjour ?
Combien d'images pour être concerné ?
Quel quota d'étrangers pour s'intégrer ?
Combien de pressions pour lâcher tes principes ?
Et de désirs pour tromper et mentir ?
Combien de solitude sans appel au secours ?
De "tout le monde le fait" pour faire à ton tour ?
Combien d'argent, de succès pour changer ?
Combien de cons contre un seul à lyncher ?
Combien de mots pour blesser ou guérir ?
Combien d'espoir avant un bidonville ?
Combien ?
A ton avis ?
Combien ?
C'est un goût sur tes lèvres, juste après les baisers
Une amertume à peine devinée
Rien qu'un goût sur tes lèvres, qui es-tu, n'es-tu pas ?
Peut-être plus ou bien moins que tu crois
C'est un goût sur tes lèvres, rien qu'un goût sur tes lèvres
Qui es-tu, n'es-tu pas ?
Qui es-tu, n'es-tu pas ?
Charlotte Pozzi : Il y a aussi dans cet album du Rhythm & Blues avec "Un goût sur tes lèvres".
Jean-Jacques Goldman : On se pose la question : qui on est, et qui on prétend être si on nous bousculait un petit peu, qu'est-ce qu'on deviendrait, quoi. Est-ce qu'on serait aussi courageux, aussi désintéressé, aussi beau qu'on croit.
Thierry Coljon : Dans ce contexte, une phrase comme "Combien d'années pour élever un enfant ? Mais pour l'égorger c'est juste un instant" en arrive à surprendre...
Jean-Jacques Goldman : Cette phrase est née toute seule. Il y a deux trois chansons fourre-tout dans cet album, qui sont sur un thème et où les idées sont jetées pêle-mêle dedans. Il y a par exemple "C'est pas vrai" et effectivement, celle-ci : "Un goût sur tes lèvres". Je me rappelle avoir noté cette phrase-là à la suite d'un assassinat quelconque. Je me suis dit : "mais c'est tellement vite fait par rapport au temps que la mère a mis pour le concevoir et l'élever". Il a 18 ans, il va sur un champ de bataille et en un millième de seconde, c'est fini. C'est très injuste.
Jean-Jacques Goldman : Mes chansons (...) ne sont pas des chansons d’actualité. (...) Bien sûr, il y a des contre- exemples, comme “Combien d’autos brûlées pour voter FN” dans “Un goût sur tes lèvres”. C’est une phrase particulière : il y a peu de références à des choses précises dans ce que j’écris. Mais le Front National est tellement banalisé que je peux en parler. C’est le parti le plus employé dans les chansons, en particulier dans le rap. On peut penser maintenant que “FN” est une rime naturelle à “haine”, qui doit être dans les dictionnaires de rimes.
Goldman : "Une chanson ne change pas la vie"
Le Figaro, le 10 décembre 2001
Jean-Jacques Goldman : C'est le même thème que "Né en 17 à Leidenstadt". Mais certains ne craquent jamais. J'aurais pu ne rien dire lors de l'hommage à Brassens mais j'étais très énervé. Maxime (Le Forestier) voulait que je chante "Mourir pour des idées". Mais je ne peux pas chanter que les idées, "toutes sont entre elles ressemblantes". Moi je ne pense pas ça. Entre un type qui, pour ses idées, meurt en fracassant les Twin Towers et ceui qui meurt en allant ouvrir une prison, je vois une différence. De plus, j'avais appris pendant l'émission que l'anarchiste, le rebelle a été au STO (Service de Travail Obligatoire). Il a donc travaillé pour les Allemands. Je ne lui reproche pas. J'y serais peut-être allé. Mais faire ensuite une chanson comme "Mourir pour ses idées", je trouve cela obscène parce qu'il a fait son métier grâce à des Jean Moulin, des gens dont les plaques étaient encore fumantes.
J'adore l'idée que l'amour se joue de nous
Télémoustique, le 12 décembre 2001
Eric Jean-Jean : Il y a une autre chanson qui est à mon avis un des textes le plus fort que j'ai lus et entendus sur cet album : "Un goût sur tes lèvres". Je vais recommencer ma question, comment elle est née cette chanson ?
Jean-Jacques Goldman : C'est une déclinaison, effectivement, là, tu as raison quand tu disais que ça te rappelait d'autres thèmes, mais c'est tout à fait "Si j'étais né en 17 à Leidenstadt", c'est les interrogations qu'on peut avoir sur comment, puisque nous, on vit vraiment de façon très confortable et très tiède, c'est-à-dire, on n'aura jamais chaud, on n'aura jamais froid, on n'aura jamais faim… on l'a jamais eu en tout cas, on n'aura jamais soif, on n'aura jamais peur, on ne saura jamais comment on réagirait si tout à coup, on nous met dans une pièce et puis qu'on n'a pas à bouffer pendant trois, quatre jours et puis tout à coup, on nous met un bout de pain et puis on est six : qu'est-ce qu'on fait ?
Eric Jean-Jean : "Combien de pressions pour lâcher tes principes".
Jean-Jacques Goldman : Tiens, ça c'est des choses que tu connaîtras ou… ça par contre, on est sujet à ça.
Eric Jean-Jean : … dans notre métier. Tu as l'impression de les avoir lâchés, toi, de temps en temps ?
Jean-Jacques Goldman : Moi, j'ai eu beaucoup de chance quand même. C'est-à-dire que je n'ai jamais désiré suffisamment, par exemple, la gloire, ou d'arriver quelque part, ou d'être riche ou des choses comme ça, pour pouvoir lâcher des principes. Je pense que les gens qui sont amenés à faire ça, ce sont des gens qui ont vraiment besoin, qui sont dévorés par une ambition, qu'elle soit de pouvoir, qu'elle soit financière et puis tout à coup, ils se disent : "si je veux absolument arriver à ça, il faut que je fasse ça".
Eric Jean-Jean : Pourquoi ça a marché et quels sont les compromis que tu as pu faire ?
Jean-Jacques Goldman : Disons, les compromis que j'ai pu faire mais que je revendique vraiment énormément, c'est d'avoir pris conscience du milieu et puis de l'instant où j'étais. Il y a des gens qui disent : "Si maintenant Brassens vient avec une chanson, alors ça ne passera pas à la radio". Moi, je réponds tout le temps, mais si Brassens venait maintenant, il ne ferait pas ce qu'il faisait il y a 20 ans. Tu comprends ? Il avait aussi ce sens, que ce soit Trénet, que ce soit Mozart, s'ils arrivent maintenant, ils prennent aussi l'air du temps. C'est-à-dire, le talent, ce n'est pas uniquement de faire maintenant un super menuet. Le talent, c'est de faire un morceau de musique, qui en même temps peut être intéressant et en même temps colle à l'air du temps, ça fait partie aussi du talent. Si compromission il y a, moi, je suis arrivé en 1980, j'ai fait la musique qu'il fallait… Je dirais, même pas pour 81, pour 82 ! C'est-à- dire de pas refaire ce qui marchait à ce moment-là.
Eric Jean-Jean : Tu as suivi aujourd'hui forcément ce qui ce passe et est-ce que tu as envie d'en parler ?
Jean-Jacques Goldman : Qu'est-ce que tu veux dire ? Le seul truc qu'on peut dire, c'est que la vie ne sera pas un long fleuve tranquille. C'est-à-dire que même quand on est dans un pays en paix, et on a vraiment cette chance, nous, on est nés une des premières générations à ne pas avoir fait la guerre. Je suis né en 51 et même les grands frères sont allés en Algérie, ils ont été réquisitionnés, ce n'était pas que l'armée de métier qui y allait. Et puis, nous, on n'y a pas été, donc on a l'impression qu'on peut vivre maintenant dans un monde où il n'y aura plus de guerres, où il n'y aura plus de maladies… et bien, si, il y a encore des maladies, il y a encore des choses qui se passent, des insécurités, il y aura encore des problèmes et il y aura toujours ça, enfin, il y aura toujours…
Paroles et musiques
RTL, le 15 décembre 2001
Jean-Jacques Goldman : Il y a beaucoup plus de chansons rapides que sur les autres albums, c'est une constatation objective…
Eric Jean-Jean : C'est voulu ?
Jean-Jacques Goldman : Non, c'est un hasard, je voulais en enlever une d'ailleurs.
Eric Jean-Jean : Laquelle ?
Jean-Jacques Goldman : J'hésitais entre "Un goût sur tes lèvres" et "Les choses". Et puis il y avait aussi le "Status Quo" et aussi "Les p'tits chapeaux". Enfin, bon, il fallait que j'enlève une chanson rapide. Je n'ai pas réussi à me décider donc je les ai toutes gardées, ce qui fait qu'il y a plus de chansons rapides…
Paroles et musiques
RTL, le 15 décembre 2001
Laurent Boyer : Je viens à "Un goût sur tes lèvres", le Rythm and Blues de l'album. J'ai dit Rythm and Blues parce qu'il y a une section de cuivre.
Jean-Jacques Goldman : Oui.
Laurent Boyer : Jusqu'où il faut aller pour qu'on comprenne les choses ?
Jean-Jacques Goldman : Jusqu'où il faut aller pour qu'on se comprenne soi, déjà. C'est-à-dire : de quoi sommes nous capables…
Laurent Boyer : On peut tout endurer.
Jean-Jacques Goldman : On vit dans la tiédeur nous, c'est à dire, on n’a pas mal, on n’a pas froid, on n’a pas chaud, on n’a pas faim, on n’a pas soif, on n’a pas peur. Et dans ces conditions là, comment on réagirait…Moi c'est quelque chose qui m'obsède.
Laurent Boyer : Jusqu’où faut-il aller pour comprendre, c’est ce que j’ai mis à propos de cette chanson. Tu t’es posé ces questions-là ?
Jean-Jacques Goldman : Ouais.
Laurent Boyer : "Combien de voitures brûlées pour voter F.N." ?
Jean-Jacques Goldman : Moi ça va, on ne me fait pas brûler ma bagnole, on ne m’agresse pas. Combien il m’en faudrait pour qu’un jour j’explose et je passe à l’irraisonnable, tu comprends ?
Laurent Boyer : Ce qui donne de la compassion pour ceux qui parfois faillissent devant les événements.
Jean-Jacques Goldman : Oui, tout à fait. Je me demande si j’aurais fait beaucoup mieux.
Fréquenstar
M6, le 16 décembre 2001
Gilles Médioni : Dans "Un goût sur tes lèvres", vous demandez : "Combien d'échecs avant que l'on comprenne ? / Et d'autos brûlées pour voter FN" ?
Jean-Jacques Goldman : C'est une déclinaison de "Né en 17 à Leidenstadt" (1990). Comment réagirions-nous dans une situation exceptionnelle, comme en 1939-1945 ? Et s'il fallait entrer dans un maquis ? Et si l'on était capturé ? Evidemment, je ne souhaite pas faire face à ce genre de choix, mais cela reste un enjeu. On ne sera probablement jamais dans le troisième avion [du 11 septembre], où certains se sont révélés des héros…
Gilles Médioni : Vos textes débordent toujours de points d'interrogation.
Jean-Jacques Goldman : Sur ce plan-là, oui. J'aime puiser des enseignements du passé, peut-être parce que je suis peureux de nature.
L'Express, le 20 décembre 2001
Une chanson est forcément populaire
Jean-Noël Cadoux : Vous dont les chansons évoquent souvent les difficultés de la vie quotidienne, comment ressentez-vous le climat politique actuel ?
Jean-Jacques Goldman : En tant que citoyen, je ne suis pas surpris par cette montée d'une abstention qui se généralise, et pour moi... (il hésite et finit par lâcher) c'est sans doute le résultat d'un excès de liberté : je suis passé par le service militaire, je ne serais pas contre le vote obligatoire. On a oublié les devoirs du citoyen. Vous savez, la République, c'est pas un long fleuve tranquille.
Jean-Noël Cadoux : Dans votre dernier album, "Chansons pour les pieds", paru fin 2001, il y a des textes qui évoquent ce souci...
Jean-Jacques Goldman : J'ai écrit "Combien d'autos brûlées pour faire voter FN". Et, ce soir, je vais chanter une chanson intitulée "C'est pas vrai" où je dis "Moi, je ne vote plus, les politiciens sont tous corrompus". Voilà ce que l'on entend aujourd'hui, alors c'est évident : la République est un combat...
Jean-Jacques Goldman : "Mon plaisir, c'est d'écrire"
Sud-Ouest, 12 juin 2002
Raphaël Toledano : Une autre chanson, "Un goût sur tes lèvres", aux couleurs rythm'n'blues reprend un thème que vous aviez déjà abordé dans "Né en 17 à Leidenstadt", à savoir : un questionnement de nos limites.
Jean-Jacques Goldman : Oui. Nos limites qui ne sont pas éprouvées.
Raphaël Toledano : Vous vous demandez : qu'aurais-je fait si j'étais né en 1917 en Allemagne ? Combien de voitures faut-il me brûler pour que je me mette à voter FN ? Ce doute sur ce que nous ferions dans de telles conditions implique-t-il aussi une condescendance vis-à-vis de ceux qui votent FN, vis-à-vis de ceux qui sont devenus nazis ?
Jean-Jacques Goldman : Franchement : oui. Mais je n'ai aucune condescendance pour ceux qui ont tué, pour ceux qui ont brûlé. S'il y avait eu des élections en 1940 ou 1942, rien ne dit que Hitler aurait été réélu - seulement, à partir de ce moment-là, ce n'était plus une démocratie. Mais le fait qu'après la République de Weimar, après la Guerre de 14-18, une population ait pu se fourvoyer sur un "hâbleur" comme Hitler ne me paraît pas inexplicable. Je pense que c'est la situation qui est impardonnable, mais les gens, ce ne sont que des gens.
Raphaël Toledano : N'est-ce pas un peu fataliste de dire, par exemple, "combien de coups avant que tu dénonces" ? On a l'impression que c'est juste une question de coups. N'y a-t-il pas autre chose qui intervient dans le choix de dénoncer ou pas ?
Jean-Jacques Goldman : Là, on a changé un peu de sujet. En ce qui concerne par exemple l'arrivée au pouvoir de Hitler, c'est tout le contraire ! Parce qu'avec un vrai sursaut, avec une autre politique, avec une vraie réflexion, ne serait-ce qu'en prenant conscience du danger, il était possible d'éviter cela.
Raphaël Toledano : Mais dans votre chanson, vous reprenez plusieurs fois la question "combien" et à la fin, on se dit : ce n'est qu'une question de quantité. Dans "Combien de désir pour tromper et mentir", j'entends de la résignation, non ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, je comprends. Je pense qu'il y a en même temps du fatalisme - c'est-à-dire que forcément, on va être tenté de lâcher - mais il y a aussi la certitude qu'on peut y remédier. Avec de la réflexion, avec un combat. Evidemment, le combat de première ligne étant celui de l'éducation - qui ne résout pas tout. Je crois que l'intelligence et l'éducation sont des solutions, avec la force évidemment.
Rencontre avec Jean-Jacques Goldman
L'Arche n° 535, septembre 2002
C'est un goût sur MES lèvres, juste après le CD
Une amertume à peine devinée...
Combien de doutes, crois-tu avant que je dénonce ?
Combien d'erreurs avant de signaler ?
Combien de jours d'écoute, as-tu la réponse ?
Avant que je craque, avant de céder
Combien de regrets, avant d'en reparler ?
De désillusion avant de quitter ?
Combien de rôles pour faire du marketing ?
De faux messages pour prouver que ça swingue ?
C'est un goût sur MES lèvres, juste après le CD
Une amertume à peine devinée
Rien qu'un goût sur MES lèvres, qui es-tu n'es-tu pas ?
Peut-être plus ou bien moins que JE crois
Combien d'années pour ces chansons pour les pieds ?
Mais pour me séduire, il faut pas tricher
Combien de fans en route abandonnés ?
Et d'interviews pour dire la vérité ?
Combien de masques devant le vrai Jean-Jacques ?
Combien de pub TV, de play back ?
Combien de temps, avant que tu comprennes
Que si je blasphème, c'est "parce que je..." t'aime ?
C'est un goût sur MES lèvres, juste après le CD
Une amertume à peine devinée
Rien qu'un goût sur MES lèvres, une intime méfiance
Qui se cache sous les apparences ?
Un goût...
Combien de temps pour la routine en toute chose ?
Aux pop-rockstars pour ne plus dire grand chose ?
Combien d'images, de bons points à gagner ?
Quel quota de Goldman en variété ?
Combien de pressions pour gâcher ta musique ?
Et de désirs pour tromper ton public ?
Combien de certitudes, sans quelque aller-retour ?
De "tout l'monde le fait" pour faire à ton tour ?
Combien d'argent, de succès pour changer ?
Combien de bons contre un seul à lâcher ?
Combien de mots pour que je change d'avis ?
Combien d'espoir avant "je l'aime aussi" ?
Combien ? A ton avis ? COM-bien ?...
(Un goût sur mes lèvres)
Moïse ROTAT
En passant, 23 janvier 2002