Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : JRG
Version originale
Année : 2001
Interprétée par : Jean-Jacques Goldman
Distribuée par : Columbia / Sony Music
Année | Interprète | Support | Référence | Pochette |
2003 | Philippe Heuvelinne et Marc Rouvé | livre + cd "Jean-Jacques Goldman : Voyage en guitare" | Hit Diffusion HD/CD 42 |
Cette lettre peut vous surprendre
Mais sait-on ? Peut-être pas
Quelques braises échappées des cendres
D'un amour si loin déjà
Vous en souvenez-vous ?
Nous étions fous de nous
Nos raisons renoncent, mais pas nos mémoires
Tendres adolescences, j'y pense et j'y repense
Tombe mon soir et je voudrais vous revoir
Nous vivions du temps, de son air
Arrogants comme sont les amants
Nous avions l'orgueil ordinaire
Du "nous deux c'est différent"
Tout nous semblait normal, nos vies seraient un bal
Les jolies danses sont rares, on l'apprend plus tard
Le temps sur nos visages a soumis tous les orages
Je voudrais vous revoir et pas par hasard
Sûr il y aurait des fantômes et des décors à réveiller
Qui sont vos rois, vos royaumes ? Mais je ne veux que savoir
Même si c'est dérisoire, juste savoir
Avons-nous bien vécu la même histoire ?
L'âge est un dernier long voyage
Un quai de gare et l'on s'en va
Il ne faut prendre en ses bagages
Que ce qui vraiment compta
Et se dire merci
De ces perles de vie
Il est certaines blessures
Au goût de victoire
Et vos gestes, y reboire
Tes parfums, ton regard
Ce doux miroir
Où je voudrais nous revoir
Charlotte Pozzi : Jean-Jacques Goldman s'est mis au zouk avec ce titre "Je voudrais vous revoir". Ça parle de quoi ?
Jean-Jacques Goldman : "Je voudrais vous revoir", ça parle d'un type d'un certain âge qui se rappelle de toutes ses histoires, et puis il se rappelle d'une histoire d'adolescence, comme ça, qu'il a presque oubliée. Et puis il se dit, "j'aimerais bien revoir cette jeune fille qui est maintenant une femme, juste pour savoir si c'était aussi important pour elle que pour moi, et si on a vécu la même histoire à ce moment-là". Mais je suis sûr que ça vous arrive même vous ("tiens, j'aimerais bien le revoir"), enfin même vous, jeune, je veux dire… Vers quinze, seize ans, on a l'impression que tout ce qu'on vit, ce n'est pas important, et on se dit, "tiens, j'aimerais bien savoir ce qu'il est devenu et tout ça" et puis quand on le recroise, si on arrive à avoir le téléphone, on a le cœur qui bat comme si on avait quinze ans.
Charlotte Pozzi : Oui, mais attention, on peut être déçu, aussi.
Jean-Jacques Goldman : Pas toujours. Il ne faut pas être pessimiste. Il n'a pas forcément pris du ventre [rire].
Diane : Dans votre album "Chansons pour les pieds", est-ce que vous avez eu des difficultés à jongler avec les musiciens et les différents instruments, à diriger tout ce petit monde ?
Jean-Jacques Goldman : Oh, ça se dirige tout seul, c’est même le contraire, c’est-à-dire que par exemple, j’ai fait ce zouk lent-là, "Je voudrais vous revoir", puis à la fin, comme je suis un peu bizarre, j’entends des cornemuses, et bien là, je prends mon téléphone, j’ai un copain qui est chef du monde des cornemuses, il s’appelle Bruno Le Rouzic, je l’appelle à Lorient et je lui dis : "Voilà j’ai besoin d’un bagad et tout ça, il me dit : "Envoie-moi la maquette", et lui il se charge de tout, c’est-à-dire de l’endroit, de la sélection, de l’écriture particulière des partitions… du fait de la répartition des tâches etc…
Diane : C’est quoi un bagad ?
Jean-Jacques Goldman : C’est un ensemble de cornemuses et puis de percussions particulières. Ce sont des ensembles traditionnels de Bretagne, ou peut-être d’ailleurs.
Vos messages personnels
Chérie FM, 4 décembre 2001
Jean-Jacques Goldman : Pour moi et pour tout le monde, les histoires d'adolescents sont uniques et importantes. La nouveauté de son corps, des expériences, l'hypersensibilité font qu'entre 13 et 17 ans, il se passe des choses incomparables d'intensité. C'est souvent douloureux et très difficile à vivre. Très sincèrement, on a envie de mourir, de devenir maître du monde, l'impression qu'on ne réussira jamais rien…
J'adore l'idée que l'amour se joue de nous
Télémoustique, le 12 décembre 2001
Eric Jean-Jean : Il y a une autre jolie chanson, toujours en termes d'instantanés, qui s'appelle "Je voudrais vous revoir". Je suis sûr qu'il y a plein de gens qui vont se reconnaître là-dedans, l'histoire d'un amour de jeunesse, comme ça, et puis tu aimerais savoir si elle a vécu la même histoire que toi.
Jean-Jacques Goldman : Ben oui, oui.
Eric Jean-Jean : Des gens qu'on va essayer de retrouver, de se rappeler…
Jean-Jacques Goldman : Oui, c'est tout à fait une chanson que tu ne peux pas écrire quand tu as vingt ans, mais quand tu arrives à cinquante et que tu commences à penser à tout ça, tu as vécu quelques histoires aussi, et tu commences à te rendre compte lesquelles ont été importantes. Et très souvent, ces petites histoires d'adolescence qui ont l'air de rien, elles ont été beaucoup plus importantes que l'on croit. Et donc, j'imagine très bien le type qui dit : "elle, j'aimerais bien savoir ce qu'elle est devenue, à quoi elle ressemble"
Eric Jean-Jean : Et ce qu'elle fait, ce qu'aurait pu être ma vie avec elle, éventuellement.
Jean-Jacques Goldman : Comment elle a vécu notre histoire, est-ce qu'elle l'a oubliée, est-ce qu'elle y repense autant que moi, des choses comme ça.
Paroles et musiques
RTL, le 15 décembre 2001
Laurent Boyer : Je voudrais vous revoir… C'est un zouk… lent…
Jean-Jacques Goldman : C'est une surprise pour moi aussi !! C'est-à-dire au début, j'ai fait de la chanson comme ça. Je voulais faire cette espèce de gaieté un peu triste… Puisque le zouk c'est un rythme un peu gai, et le fait de le ralentir un peu comme ça, ça devient un peu nostalgique… C'est quelqu'un qui se retourne sur son passé… Puis à la fin, j'ai commencé à le jouer à la cornemuse [en désignant le clavier] et tout à coup, ça m'a paru clair ! J'ai téléphoné à mon copain Bruno Le Rouzic… et je lui ai dit : "il me faut des cornemuses" ! [rires] Il y a aussi les percussions bien particulières… Et on a marié les deux, et j'aime bien ce mariage.
Fréquenstar
M6, le 16 décembre 2001
BoDoï : Défi relevé. Pari gagné. Zep montre qu’il est capable de s’éloigner du style caricatural de “Titeuf” avec notamment de superbes vues de Bretagne. Il s’est baladé près de Lorient où fut enregistré “Je voudrais vous revoir” zouk lent sur les amours perdues, titre préféré du dessinateur.
Zep : J’ai travaillé avec une maquette de l’album, le texte de cette chanson n’était pas encore écrit, il n’y avait que la mélodie chantée par Jean-Jacques. J’ai reçu le texte quelques mois après par mail. Et quand je l’ai chanté pour moi, j’ai trouvé ça beau… C’est vous dire le chef d’œuvre !
Zep : Il a fait le livret tout seul
BoDoï n° 35, janvier 2002
Damien : Par rapport au titre "Je voudrais vous revoir", quelle a été la base de l'inspiration ?
Jean-Jacques Goldman : Ce n'est pas loin de "Confidentiel"… L'idée, plus que de quelqu'un qui écrit une lettre pour revoir quelqu'un, c'est l'idée de se dire qu'il faut vénérer ce qui a été vécu, quoi. Et voilà. C'est toujours cette idée, même si ça s'est plus ou moins bien passé, il y a peut-être eu un autre déclic. J'avoue, je ne m'en souviens pas précisément. Mais en tout cas, l'idée de base c'est ça et, par exemple, la phrase : "Je voudrais nous revoir", à la fin, c'est une phrase qui vient dans l'écriture, quoi. C'est comme dans "Quand tu danses" : "Que deviennent les amoureux perdus ?" et, à la fin : "Que deviennent les amours éperdues ?", ça, ce ne sont pas des choses qui sont déterminées. Ça fait partie des surprises de l'écriture. C'est-à-dire, tout à coup, il y a cette évidence-là qui vient. Et qu'à la fin, le gars dise que c'est lui qu'il veut revoir, finalement, quand il était jeune à travers le regard de cette femme, ce n'est pas prémédité. C'est en écrivant que tout à coup, ça devient une évidence.
Rencontre avec Jean-Jacques Goldman
Radio Maguelonne, 17 avril 2002
Philippe Robin : : On a vu pendant le concert qu'il y a des chansons par rapport auxquelles les gens réagissent vraiment beaucoup, ce sont les chansons celtiques, qui ont une petite note celtique : "Je voudrais vous revoir", "Tournent les violons". Ce doit être celles là... Ou d'autres ?
Jean-Jacques Goldman : "Et l'on n'y peut rien".
Philippe Robin : "Et l'on n'y peut rien". Voilà. Et là, il y a une réaction très très forte du public. Pourquoi ? C'est le côté musique folklorique qu'on a tous en nous ?
Jean-Jacques Goldman : Dans le cas de "On n'y peut rien", c'est simplement parce qu'elle est faite pour ça. C'est une gigue. C'est fait pour avoir envie de danser, pour donner cette envie. C'est comme si on commençait avec un rock. Tout de suite, c'est efficace, parce que c'est une musique qui est faite pour ça. Dans le cas de "Je voudrais vous revoir", je ne pense pas que ce soit le côté celtique – d'ailleurs, qui n'est pas évident au début ; c'est juste à la fin avec les cornemuses. Je crois plutôt qu'ils sont attachés au texte.
Au fil des mots
Léman Bleu (Suisse), 10 octobre 2002