[ Entre gris clair et gris foncé ] |
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[ Jean-Jacques Goldman en parle ]Graffiti : "Entre gris clair et gris foncé" est un album pour le moins prolifique dans la mesure où il abrite la bagatelle de vingt chansons, alors prévoyais-tu avant la "ponte gestatoire" une aussi dense inspiration ? Jean-Jacques Goldman : Non, ce n'était pas prévu. au départ, j'avais envisagé de faire un album normal d'une dizaine de chansons et puis les autres titres sont venus au fur et à mesure. Graffiti : On a l'impression après "écoute" que tu as éprouvé le besoin de te présenter sous toutes les formes et à travers tes multiples humeurs, me trompe-je ? Jean-Jacques Goldman : Oui... (silence), c'est plutôt qu'à chaque fois que je faisais un album, je laissais de côté une ou deux chansons un peu particulière, un peu à part et que ça a fini par en faire une dizaine. Le problème s'est donc posé dans ces termes : qu'est-ce que j'en fais, est-ce que je les garde à jamais pour moi tout seul ou bien est-ce que je les intègre à un album ? Et puis, j'ai considéré que la période était propice au fait de les sortir parce que j'ai l'impression que les gens me font davantage confiance qu'avant et surtout je me suis rendu compte qu'au cours de la tournée, le public ne réagissait pas seulement aux chansons dites "faciles d'accès" mais qu'il était aussi sensibilisé à des titres très personnels. Graffiti : Tu t'es donc offert le luxe suprême de tout sortir sans censure aucune ? Jean-Jacques Goldman : Je ne me suis jamais censuré seulement, auparavant, je n'imaginais pas que des thèmes tres personnels pouvaient intéresser et concerner les gens. En définitive, c'est l'experience de la scene qui m'a fait prendre conscience de cela. Graffiti : "Entre gris clair et gris foncé", n'hésitons pas à le clamer sur les toits prouve, s'il en était encore besoin que Goldman, ce n'est pas seulement un musico de base, mais que c'est surtout un auteur de fond. Tu as énormément peaufiné les paroles de tes dernières chansons, n'est-ce pas ? Jean-Jacques Goldman : Il y a une chose qui est sûre et que là aussi j'ai découvert au fur et à mesure, c'était à quel point le public pouvait être sensible aux textes. Alors, quand tu prends conscience de cela, tu fais vraiment gaffe, quoi, parce que je sais que chaque chanson va être lue, relue, et disséquée. Ça m'a étonné car j'ignorais ou plutôt je ne soupçonnais pas l'importance que les gens pouvaient accorder aux textes. Graffiti : Ton langage semble s'être élargi, te serais-tu débarrassé de tes mots "leitmotiv" ? Jean-Jacques Goldman : Peut-être (pause), mais je pense qu'il y a toujours les stéréotypes, et une facon de formuler identique aux précédentes. Graffiti : Se barricade-t-on derrière des formules ? Jean-Jacques Goldman : Sûrement. Graffiti : As-tu osé tout dire même les choses les plus intimes ? Jean-Jacques Goldman : Les choses les plus impudiques, on ne les dit pas, on les fait, quoi. Graffiti : Le concept de ta pochette, est-ce une version originale signée Goldman ?" Jean-Jacques Goldman : Je cherchais une illustration et donc, je voulais faire travailler quelques personnes dessus. Comme je ne connaissais pas vraiment le milieu des illustrateurs, j'ai pris un bouquin et j'ai relevé le nom des gens dont le travail m'intéressait, et puis je suis enfin tombé sur l'illustration déjà terminée en me rendant compte que c'était exactement ce que je recherchais. Graffiti : Ces chaises vides, n'était-ce pas en quelque sorte une invitation ouverte dédiée au public, ne leur dis-tu pas : "Asseyez-vous et écoutez le disque" ? Jean-Jacques Goldman : "Ç'aurait pu être aussi des portes fermées. En fait, l'idée, si l'idée il y a, c'est vraiment que chacun y mette ce qu'il a envie d'y mettre. Et surtout, qu'il s'asseye là où il veut s'asseoir, c'est-à-dire qu'il écoute telle chanson plutôt que telle autre parce que justement c'est dans celle-ci qu'il trouve un écho à ce dont il a besoin. Graffiti : "Entre gris clair et gris foncé", c'est le titre de l'album, ça résume bien la situation selon Jean-Jacques Goldman ? Jean-Jacques Goldman : Comme d'habitude, je baptise l'album, à la fin. Donc pourquoi ce titre ? Tout simplement parce que je trouvais que c'était le point commun, entre ce qui se dégageait de tous les textes. Graffiti : Serais-tu désormais positivement homologué au répertoire des couleurs du temps ? Jean-Jacques Goldman : J'avoue que je n'avais pas réellement pensé à cela. (...) Graffiti : Alors, es-tu fier de la toute dernière progéniture discographique ? Jean-Jacques Goldman : J'ai fait ce que j'ai pu, je comprends très bien qu'il ne plaise pas, et je comprends surtout qu'on ne puisse pas l'aimer entièrement parce qu'il a trop de titres. En tout cas, je suis content de la façon dont il a été réalisé. Graffiti : N'était-ce pas un album qui se découvre à la manière d'un recueil de nouvelles ? Jean-Jacques Goldman : Je crois surtout que c'est un album qui ne plaira pas forcément instantanément mais qui s'installera doucement dans la durée et puis je ne pense pas qu'il faille écouter les quatres faces d'emblée mais plutôt par étapes, en étant par moments plus sensibles à telle face, plutôt qu'à telle autre. Graffiti : "Entre gris clair et gris foncé", fêtera sa deuxième naissance sur scène, ce sera où, quand et comment ? Jean-Jacques Goldman : Ça se situera entre mai et décembre, avec un passage à Paris en mai / juin dans plusieurs salles, Le Palais des Sports, le Zénith, le Bataclan et l'Olympia. Graffiti : Pourquoi cette balade dans la capitale ? Jean-Jacques Goldman : Parce que si tu restes un mois dans une même salle, tu deviens fonctionnaire, alors qu'en tournée, on a toujours la motivation d'un public différent et d'un endroit différent. Je crois profondément que les lieux, l'environnement t'influencent, j'en suis persuadé. Graffiti : Tu n'as pas l'envie de t'offrir "Bercy" ? Jean-Jacques Goldman : Je n'ai pas peur de jouer devant 16 000 personnes, mais par contre dans cette salle-là où je trouve à tort ou a raison que c'est une scène où il n'y a pas d'échanges, c'est-à-dire, on peut recevoir des beaux concerts, moi j'ai aimé par exemple Prince ou Supertramp, mais lorsqu'on recherche un peu de communication, je pense qu'on ne peut pas prendre du plaisir à jouer à Bercy. Je dois me tromper dans la mesure où Johnny m'a dit que jamais il ne s'était senti aussi à l'aise que dans cette salle. Graffiti : Eh bien Bercy beaucoup pour tout. Les détails et surtout les essentiels. Graffiti, 1987 [ Certifications ]
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