[ Les années solo ] |
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Les quelques biographies qui existent sur Jean-Jacques Goldman ne donnent aucune information sur son activité discographique cette année-là. Jean-Jacques a décidé d'écrire des chansons pour les autres. Il signe un dernier 45 T, sous le pseudonyme de First Prayer, avec ses deux derniers titres écrits en anglais : High Fly et Tell Me Why. Ce disque n'est pas distribué par Warner, mais par un indépendant, René Barret. D'ailleurs, trois autres de ces titres sont pris par ce distributeur : Mauvaise Tête (interprété par Janic Prévost), Gros câlin blues et Fais-moi des sourires, interprétés par Anne-Marie Batailler. Fais-moi des sourires est une nouvelle version de Tu m'as dit. Le 45 T, bien que pressé, ne sortira pas. Cependant, un dernier titre, dont il compose la musique, est distribué par Warner : Nous on y va, inteprété par Jocko (alias Elli Medeiros, qui a signé le texte). Jean-Jacques vient d'écrire plus d'une vingtaine de chansons en français, et présente des maquettes aux maisons de disques. Anne-Marie Batailler interprète un titre de Jean-Jacques lors d'un concours télévisé. Marc Lumbroso, jeune éditeur à la quête de nouveaux talents, décèle le potentiel de l'auteur-compositeur de ce titre, et appelle Jean-Jacques. Il lui demande de réaliser de nouvelles maquettes. Marc Lumbroso présente la maquette de Il suffira d'un signe à EPIC, le label des nouveaux talents de CBS. EPIC, enthousiaste, fait signer un contrat pour cinq albums à Jean-Jacques. |
Jean-Jacques se décide sur onze titres, et veut appeler son album Démodé. Le service communication de CBS ne l'entend pas de cette oreille, et devant l'absence de compromis d'une part comme de l'autre, l'album sort sans titre. Bien que Il suffira d'un signe dure près de six minutes, il enthousiasme plusieurs radios, notamment la directrice des programmes de RTL, Monique Le Marcis. Le titre se vendra à 500 000 exemplaires. Lorsque l'on réécoute ce premier album, on peut se rendre compte du chemin parcouru : après quinze ans de chansons interprétées en anglais, la tessiture de voix de Jean-Jacques (hyper-aiguë) a du mal à s'accorder avec le français. Tous les titres de cet album, lorsqu'ils seront repris en concert, seront interprétés deux tons plus bas. Un second titre, Quelque chose de bizarre, ne remporte pas le succès escompté. Ce sera le dernier échec de Jean-Jacques. |
Devant le succès du premier album, EPIC presse Jean-Jacques pour la sortie d'un deuxième album. Jean-Jacques veut l'appeler Minoritaire. Encore une fois, de longs palabres ont lieu entre Jean-Jacques et EPIC. Finalement, ce second album ne portera pas de titre non plus. Une guest star de choc est présente sur Minoritaire : Nono Krief, le guitariste de Trust, qui donne une dimension très rock à ce titre. Le premier extrait, Quand la musique est bonne, connaît un succès phénoménal. L'album se vendra en quelques mois à plus de 200 000 exemplaires. Il écrit un titre sous le pseudonyme de Sweet Memories pour une jeune chanteuse, Jane Surrey : Tout tout doucement restera anonyme. Jean-Jacques prend de l'assurance et se dit que finalement, il peut peut-être devenir chanteur à plein-temps. Il reçoit son dernier bulletin de paie de Sport 2000 en décembre 1982. |
Le deuxième extrait de l'album, Comme toi, est propulsé en tête des hit parades. Jean-Jacques reçoit le Diamant d'Or de la Chanson Française. Le troisième extrait, Au bout de mes rêves, le confirme comme une nouvelle valeur sûre de la chanson française. Jean-Jacques vainc ses réticences et part en tournée en novembre. Cette tournée s'achèvera en mai 1984. Jean-Jacques fait la rencontre d'une jeune artiste prometteuse, Danielle Messia. Jean-Jacques compose pour elle une musique sur l'un des textes de Danielle, Le temps des enfants. Ce titre figurera sur Carnaval, un album sorti en 1995, après la mort subite de Danielle Messia d'un cancer foudroyant. EPIC le persuade d'adapter ses titres en anglais, afin d'exporter le succès de Jean-Jacques en Europe : Jean-Jacques réécrit deux versions en anglais de Il suffira d'un signe. La première, Hold On Tight, sort en Angleterre, interprétée par une jeune inconnue, Linda Singer. La seconde, Just A Little Sign, sort en Allemagne, et est interprétée par Jean-Jacques. En face B se trouve I Won't Talk About Her, la version anglaise de Je ne vous parlerai pas d'elle. La version espagnole de Comme toi, Como tu, réécrite par un auteur espagnol, sort en Espagne. Aucun de ces titres ne connaît le succès. Jean-Jacques n'abandonne pas sa carrière d'auteur-compositeur pour autant, et signe, toujours sous le pseudonyme de Sweet Memories, J'essaierai d'oublier, pour Emilie Bonnet. Ce titre ne vous évoque probablement rien, mais si je vous dis que onze ans plus tard, ce titre est ressorti avec la même musique et les mêmes arrangements, avec de nouvelles paroles signées par Sam Brewski, interprété par Florent Pagny, les perspicaces auront sans doute reconnu Si tu veux m'essayer. |
Malgré ces trois dernières années plutôt chargées, Jean-Jacques doit composer de nouveaux titres. En effet, le deuxième album n'était pratiquement composé que de titres écrits à la fin des années 70. Un troisième album, au titre résolument plus correct pour EPIC, Positif, sort. Il se vend en quelques mois à 500 000 exemplaires, et devient Disque de Diamant (un million d'exemplaires) en 1995. Le premier titre extrait, Envole-moi, connaît le même succès que les 45 T précédents. John Helliwell, le saxophoniste de Supertramp, joue sur tout l'album. Roland Romanelli, célèbre accordéoniste qui a découvert les synthétiseurs au début des années 80, apporte sa totale connaissance des claviers. Jean-Jacques fait l'Olympia du 26 mars au 1er avril. Si cela lui coûte toujours physiquement, la scène ne lui fait plus autant peur, d'autant plus que le public lui est acquis. Michael Jones l'accompagne sur cette tournée, d'abord sur un titre, puis sur deux, et de jour en jour, il devient musicien à part entière. Jean-Jacques lui écrit un titre, Viens, toujours sous le pseudonyme de Sweet Memories, mais le 45 T n'apporte pas à Michael la reconnaissance. Le second extrait, Encore un matin, s'accompagne pour la première fois d'un vrai clip, réalisé par Bernard Schmitt, un ami d'enfance de Jean-Jacques. Les vidéo-clips précédents, qui tenaient plus du scopitone des années 60, avaient été réalisés gracieusement par RTL, d'après les volontés de Monique Le Marcis qui avait décidé de prendre Jean-Jacques sous son aile. Jean-Jacques fait la couverture du magazine Chanson l'été 1984. Le troisième extrait, Long is the road (Américain), accompagné d'un nouveau clip réalisé par Bernard Schmitt, connaît le même succès. En face B se trouve un inédit, P'tit blues peinard, qu'on retrouve sur l'intégrale 1981-1991. EPIC n'en démord pas de vouloir exporter le succès de Jean-Jacques, et demande à Dominique Simpson-Jones, un auteur franco-britannique, d'adapter Envole-moi et Américain. Love Me Away et (USA) Long Is The Road, interprétés par Jean-Jacques et sortis en Allemagne, en Espagne et en Angleterre, ne connaissent même pas un succès d'estime. Warner, devant les nombreuses demandes de fans, sort une compilation intitulée Jean-Jacques Goldman et Tai Phong : les années Warner, qui regroupent Sister Jane, When It's The Season, End of an End, ainsi que les six titres sortis en solo entre 1976 et 1978. |
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